Biographie de Jean-Paul Muslin (1948-2019)

Né à Paris en 1948, après des études à l’ENSBA Paris et à l’UER scénographie de Censier, Jean-Paul Muslin déroule une carrière qui embrasse arts plastiques et métiers du spectacle (multiples expositions et télévision, théâtre, notamment Théâtre de l’œuvre, TNC avec Jérôme Savary).

Son parcours est interrompu durant 10 ans par une maladie des yeux qui le laissera malvoyant.

C’est 2012 et en malvoyant qu’il reprend le travail. Une solide connaissance et une véritable passion pour l’anatomie, une mémoire aiguisée, une puissance de trait intacte et une détermination décuplée seront le moteur d’une seconde carrière.

Travailleur acharné, il produit beaucoup, dessins (des centaines), bas-reliefs, sculptures sous diverses techniques (masques peints, mousses, modelages tirage bronze).
Les expositions s’enchaînent (voir le détail des expositions), en France comme à l’étranger, dont Lyon (BHN 6), Québec (toujours avec la BHN, galerie des Nanas)), Troyes (L’Arrivage), Paris (Expositions personnelles/Galerie Poésie des Arts), Montpellier (galerie Artcompulsion), Lille (Foire internationale Art Up avec Artcompulsion), Mannheim (Galerie Böhner de Mannheim), Berlin (Berliner Liste/galerie Böhner), Anvers (Foire Internationale/ galerie Böhner), Arlon/Luxembourg (Expositions personnelle et collective avec Galerie La Louve de Guy Denis, écrivain, galeriste, collectionneur), Barbizon (Galerie Alfart), Forbach (Têt’ de l’Art).

Les formes d’expression de Muslin ont nécessairement changé du fait de son handicap. En effet, plus de gravure, plus de taille directe en sculpture. En dessin, c’est le trait qui va dominer. Affirmé, puissant. Dessins au pinceau de calligraphie, aux encres. Le mouvement est concentré, et, de façon surprenante, précis. C’est une véritable écriture.
En sculpture, la technique des masques d’Afrique Australe va s’avérer être un support extraordinaire. Muslin tend l’osier, tord les structures métalliques, tend et coud les tissus, les peint pour produire des séries de masques, de bas-reliefs et de sculptures. Le modelage revient en force pour réaliser terres dures et bronzes.

Cependant, le langage, parfois singulier de Jean-Paul Muslin, ne dit jamais autre chose que ce qu’il a toujours dit. Il nous parle du corps, des corps, des faces, de l’Homme souffrant, perdu dans ses contradictions, occultant son identité pourtant ignorée de lui-même (le masque) et que ses heures de « zone grise » gouvernent.
Georges Bataille lui parle bien sûr, et Primo Lévi le hante. Pour lui, l’œuvre est la forme interrogative de la mémoire et c’est cette mémoire qui permet l’exploration des « zones grises » du monde.